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Un dortoir à 2 500 mètres, un poêle qui ronronne, un réveil au chant des marmottes… Passer une nuit en refuge, c’est vivre la montagne autrement. Gardé ou non gardé, chacun a son charme et ses particularités. Dans ce guide, on vous aide à choisir l’option qui vous correspond, à préparer votre sac et à profiter pleinement de cette parenthèse perchée.
Dormir en refuge de montagne, c’est une expérience rare, un peu brute, souvent collective. Une façon de s’immerger pleinement dans l’ambiance montagnarde, de rencontrer des randonneurs lancés dans de longues traversées, d’écouter leurs histoires, et celles des gardiens.
C’est aussi une manière de voyager autrement : sans tente, sans trop se charger, avec parfois un lit, un repas chaud, une boisson partagée. On ne vient pas y chercher le luxe — mais une certaine simplicité.
Mais entre refuge gardé et refuge non gardé, les options sont nombreuses, et les usages pas toujours évidents. Faut-il réserver ? Qu’emporter ? Comment se comporter ? Et que signifie, au fond, "bien dormir" là-haut ?
Ce guide répond à toutes ces questions. Il vous aidera à choisir où passer la nuit — et surtout, comment bien la passer. Avec, en filigrane, une conviction : la meilleure nuit en montagne n’est pas toujours la plus douce. C’est celle qui vous transforme un peu.
C’est l’option la plus confortable — même si tout est relatif, en altitude. Le refuge gardé, c’est une auberge perchée. L’accès se fait à pied ou à ski : l’absence de route les différencie des gîtes classiques. On y trouve des dortoirs, un repas chaud, parfois une douche (souvent froide), une part de gâteau aux myrtilles, une bière fraîche et de vieux livres de montagne…
Les refuges sont gérés par des gardiens et des gardiennes passionnés, qui organisent la vie du refuge et de ses occupants. Accueil, repas, réveil, ménage, conseils, gestion de l’approvisionnement, de l’énergie, de l’environnement… Ils sont vos meilleurs alliés pour choisir un itinéraire ou connaître les conditions météo du moment. Véritables vigies, les gardiens veillent sur les randonneurs comme sur leur bâtiment, parfois dans des conditions extrêmes.
Il y a environ 300 refuges en France ouverts au public, ils appartiennent soit à la Fédération Française des Clubs Alpins et de Montagne (FFCAM), soit à des structures publiques (communes, parcs …), soit à des privés. Leur mission première reste la même : offrir un abri en altitude, en toute saison.
En général, les refuges sont gardés de mi-juin à mi-septembre. Certains rouvrent en hiver pour les skieurs de randonnée. Les sites internet des refuges précisent les périodes d’ouverture, les équipements disponibles et les modalités d’accès.
Quand la saison se termine, la plupart des refuges ferment… mais pas tout à fait. Une pièce reste généralement accessible au public. À l’intérieur : quelques matelas, une table, parfois un poêle. Le reste du refuge est verrouillé (pas d’accès à la cuisine, aux dortoirs principaux, etc.). Pas de gardien, pas de repas, mais un abri. Un lieu sûr pour passer la nuit. Le confort est sommaire, mais l’essentiel est là.
Le refuge non gardé est destiné à ceux et celles qui savent se débrouiller avec un minimum de confort. Il faut tout prévoir, ne rien attendre, et surtout : laisser le lieu plus propre qu’à l’arrivée.
Et puis il y a les cabanes, les vraies. Celles qu’on ne trouve pas sur Google, celles qu’on entend citer à voix basse. C’est souvent un abri de berger, de forestier ou de randonneur anonyme. Parfois restaurées par des bénévoles, parfois oubliées, elles sont les cousines sauvages des refuges. On les trouve dans les forêts vosgiennes, sur les plateaux corses ou au détour d’un col pyrénéen. Elles n’ont généralement pas de site internet officiel, parfois pas même de nom… Dormir en cabane est une aventure à part. Mais pour ne pas trop s’éparpiller, nous les laissons de côté pour cette fois. Un article dédié leur sera bientôt consacré.
En attendant, découvrez notre aventure autour du Mont Ventoux et nos nuits dans les « jas », anciennes cabanes de bergers typiques.
En ligne, par téléphone, via le site de la FFCAM ou celui du refuge. C’est primordial : le/la gardien.ne prévoit les repas en conséquence, anticipe les couchages, et garantit ainsi la sécurité de tous.
En général, vous versez un acompte en ligne et payez le reste directement sur place. Comptez de 20 à 65 € la nuitée. Comme l’explique ce petit article de la FFCAM, le prix varie en fonction de l'éloignement et de l'état du bâtiment.
Les places sont limitées. Certains refuges affichent complet plusieurs semaines à l’avance, surtout en haute saison ou sur les itinéraires les plus fréquentés. Anticipez.
Bon plan : en adhérent à la FFCAM, vous bénéficiez d’une assurance pour toutes vos activités en montagne (randonnée, ski de rando, alpinisme…) mais aussi d’une réduction sur les nuitées en refuges gérés par la fédération.
Dans les refuges FFCAM, vous pouvez payer après coup, via les sites des refuges, ou laisser de l’argent dans une tirelire sur place. Un système de confiance précieux, à préserver absolument. Ne pas payer sa nuit en refuge non gardé, c’est participer à sa dégradation. Chaque euro laissé dans la caisse permet d’entretenir ces lieux magiques.
Dans d’autres cas, notamment pour les refuges privés, il faut réserver à l’avance et récupérer une clé auprès d’un office de tourisme ou d’un particulier. Toujours se renseigner avant — certains refuges non gardés sont fermés, privatisés ou en rénovation.
Bon à savoir : la plupart des refuges gardés autorisent le bivouac à proximité. Selon les refuges, une redevance peut être appliquée, et une formule « dîner + petit déjeuner » permet de profiter du confort du refuge, tout en respectant la réglementation des espaces protégés. Un bon moyen de s’initier au bivouac, le sac et l’esprit légers !
Ces listes se concentrent uniquement sur le matériel nécessaire à vos nuits – qui dépend de l’hébergement et du confort choisi.
Dormir en refuge gardé permet de se délester du matériel de bivouac. Et si vous optez pour les options demi-pension et pique-niques à emporter, vous pouvez partir les mains dans les poches – ou presque !
Les sites de chaque refuge, notamment les refuges FFCAM, précisent l’équipement présent : couchage, couverture, gaz, poêle, source d’eau…
Note : refuge gardé ou non, les boules quies (voire un masque de sommeil pour les plus sensibles à la lumière) seront vos meilleurs alliés. Rien de pire que de commencer une journée en montagne sans avoir fermé l'œil de la nuit…
On sait. Les règles, c’est pas ce qu’il y a de plus sexy. Mais en altitude, la politesse et le respect prennent un peu plus de hauteur eux aussi. Ce petit pense-bête n’entend pas vous faire la leçon, mais vous initier à la culture profonde des refuges de montagne, pour que chacun puisse en profiter.
Maintenant que vous savez comment bien dormir en refuge, voici trois itinéraires pour accéder à trois refuges. Retrouvez plus de détails dans les liens des articles !
Leurs innombrables vallées, sommets sauvages, lacs d’altitude, canyons et autres formations géologiques monumentales font des Pyrénées un territoire exceptionnel pour partir à l’aventure. De Cauteret au Cirque de Gavarnie – et sa cascade plus haute que la Tour Eiffel ! – embarquez pour un itinéraire aérien sur les crêtes pyrénéennes.
Envie de partir à l’aventure en hiver ? Cet itinéraire vous emmène au cœur du massif vosgien, marcher dans de l'épaisse poudreuse, à travers les immenses forêts enneigées, et dormir dans des cabanes non gardées gérées et entretenues par les bénévoles du Club Vosgien. Dépaysement, calme et solitude assurés.
Nichées entre la Suisse valaisanne et la Haute-Savoie française, les Dents Blanches et leurs neuf sommets défiant le ciel incarnent l'essence même des montagnes sauvages. Pour cette itinérance alpine, on vous propose de sillonner sur cinq jours le magnifique GRP Tour des Dents Blanches et de fouler une partie du mythique GR5, refuge après refuge.
Avant de chausser les chaussures, il faut souvent plonger le nez dans la carte. Et la meilleure, c’est encore la bonne vieille IGN, version papier ou numérique, qui recense la plupart des refuges et cabanes sous forme de petits pictogrammes.
Ensuite, les sites de la FFCAM (Fédération Française des Clubs Alpins et de Montagne), des Parcs Nationaux, offices de tourisme ou collectivités locales sont des références fiables pour vérifier les périodes d’ouverture, les modalités de réservation ou les conditions d’accès.
Pour compléter, le site Refuges.info est une mine d’or alimentée par une communauté passionnée. On y trouve des infos précises, des photos, des mises à jour sur l’état d’un refuge, la présence (ou non) de bois, de gaz, de sources… Attention : ce site n’est pas officiel et ne remplace pas un appel au gardien ou une vérification sur le site de la fédération.
Bref, une bonne nuit en altitude, ça se prépare un peu. Mais promis, une fois là-haut, vous n’aurez plus qu’à décrocher les yeux de l’écran… pour les poser sur les étoiles.
Dans notre coffret Recto Verso France, vous trouverez aussi des idées d'itinéraires de rando de refuge en refuge.
Ce guide concerne les refuges français. Chaque pays a ses propres règles, son vocabulaire et ses traditions : en Suisse, les refuges sont appelés « cabanes », peuvent être bien plus chers (l’eau y est souvent payante), mais aussi plus confortables. En Italie, les repas sont sacrés : on monte en refuge gardé autant pour la polenta et le vin rouge que pour la vue, tandis que les refuges non gardés, "bivacco", sont une vraie religion. En Norvège, les refuges non gardés fonctionnent souvent par un système de clé. En Écosse, les « bothies » sont totalement gratuits et ouverts à tous, mais exigent de respecter un code d’honneur bien précis…
Dans notre coffret Recto Verso Europe, vous trouverez aussi des idées d'itinéraires de rando en refuge hors de France.
Dormir en montagne, c’est accepter de se confronter à l’essentiel, où que ce soit. Mais c’est aussi profiter de ce qu’il reste de plus beau dans nos sociétés : le partage et la confiance. Ces lieux sont ouverts parce qu’on imagine que vous en prendrez soin. Parce qu’on croit encore à celles et ceux qui ferment doucement la porte, plient les couvertures, respectent le sommeil du voisin et laissent du bois pour les suivants…
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Rédactrice-en-chef du magazine papier Les Others.
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