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Est-ce que vous savez que faire le Ventoux à pied valait autant le détour qu’à vélo ? Pour vous le prouver, on a sauté dans un train aux aurores avec Martin et Marius direction la Provence et le soleil de la mi-saison. Pour cette nouvelle aventure en itinérance, on a choisi de traverser le Parc naturel régional du Mont-Ventoux d’est en ouest, entre les villages perchés de Sault et de Bédoin. Et le soir, de poser notre sac de rando dans des “jas”, des cabanes non gardées, occupées autrefois par les bergers et leurs troupeaux.
Avec cette rando de 34 km, on vous emmène dans leurs pas et dans les nôtres, entre massif forestier, sentiers rocailleux, canyon, paysages d’ocre et panoramas sur le Mont-Ventoux, évidemment. Un itinéraire de 3 jours qui sent bon le thym en fleur au bord du chemin, le feu dans le poêle et ce qu’il faut de dénivelé pour s’en mettre sous la chaussure de rando. On remercie d’ailleurs Au Vieux Campeur, LOWA et Osprey qui nous ont soutenus et équipés pour cette aventure à contrepied - et même à contre-patte… Car oui, vous le verrez sur les photos : on a partagé un bout du parcours avec un attachant toutou qui s’était perdu, qui nous a suivis et dont on a essayé de retrouver le maître.
Voir le tracé GPX de notre itinéraire
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Ce géant de Provence, Martin, Marius et moi, on le connaissait surtout à travers les images d'ascensions dantesques des cyclistes du Tour. Mais en fouillant un peu, à la recherche d’une destination de randonnée printanière sans neige mais avec de beaux reliefs, on a découvert qu’y randonner, c’était une expérience qui valait aussi le dé-tour (vous l’avez ?). “Ventoux” viendrait soit du celtique : “ven top”, “la montagne blanche”, soit du provençal : “ventour”, “exposé au vent”. Deux étymologies qui le définissent en effet plutôt bien.
Notre itinéraire traverse le Parc naturel régional du Mont-Ventoux par le versant sud. Cet espace protégé entre Alpes et Méditerranée regorge d’une nature incroyablement riche : plus de 1 500 espèces végétales, 150 espèces d’oiseaux nicheurs, 500 espèces de papillons… et même quelques meutes de loups. Plus de 1 000 km de sentiers balisés sillonnent le coin dont le GR4, le GR9 ou le GRP du Massif du Ventoux. C’est un spot idéal pour la rando, mais aussi pour le trail - plusieurs courses assez connues s’y déroulent chaque année, comme le Trail du Ventoux.
Autre avantage de notre tracé : s’il ne grimpe pas jusqu’au sommet du Ventoux, perché à 1 910 m, il le tutoie quasiment (à 6 km) et permet de découvrir un maximum de paysages provençaux en un minimum de jours : champs de lavande, vignes en terrasse, forêt de cèdres (la plus grande d’Europe !), garrigue, sentiers rocailleux ou quelques pépites géologiques accessibles uniquement à pied. La Combe de Curnier, par exemple, est un canyon encaissé spectaculaire, dans lequel l’eau ruisselle à certains endroits, parfois si étroit qu’on ne peut s’y faufiler qu’un randonneur après l’autre.
Côté itinérance, nous partons en autonomie (presque) totale (hormis un passage par le Chalet Reynard, à 6 km du sommet du Ventoux). Notre objectif ? Dormir en cabanes non gardées, car le versant sud a un autre avantage : être émaillé d’une soixantaine de “jas”, un terme provençal qui signifie “gîte”. Entendez par là d’anciennes bergeries construites souvent en pierres sèches, à l’écart des fermes et des hameaux, autrefois utilisées par les bergers pour s'abriter avec leurs troupeaux (aujourd’hui plus ou moins en ruines). Elles comportent souvent 2 espaces, l’un était à l'époque réservé aux hommes, l’autre aux animaux. Notre tracé croise quatre de ces vestiges de l’histoire pastorale du Ventoux.
Au Jas Forest, c’est une petite cabane entièrement rénovée qui nous attend pour la nuit, puisque l’association Tous à Poêle, qui organise des chantiers participatifs pour redonner vie à des cabanes, l’a retapée il y a peu. Au Jas de la Couanche, ce sera plus sommaire, mais, pour être honnêtes, c’est aussi ça que nous sommes venus chercher.
6,5 km, 450 m D+, 80 m D- (2h à 3h de marche environ)
Nous débutons cette randonnée perchés au-dessus des champs de lavande, à Sault. La boutique de vélo que nous croisons dans les ruelles désertes du village nous rappelle qu’ici les cyclistes sont légion. Cette première journée de marche est assez tranquille : 6,5 km, bien que les 450 mètres de dénivelé se concentrent sur les 2,5 derniers kilomètres. Dans cette montée abrupte, entourés par les cèdres, on checke le GPX. La pente est affichée à plus de 20 % : l’arrivée au Jas Forest se mérite. Et pour cause, là-haut, c’est grand luxe : couchettes rétractables, poêle, grande table... Dehors, il y a même un puits alimenté par les précipitations et des toilettes sèches. Martin part couper du bois pour les suivants et allume un feu avec celui déjà à l’intérieur. Marius se charge du réchaud. On dîne à la frontale, comme à la maison, entre les bougies, la bonne humeur, les lyophilisés et… un chien - qui est venu pointer le bout de son museau à la cabane, visiblement perdu. L’objectif bonus de demain, ce sera de retrouver son maître.
15,8 km, 630 D+, 620 D- (entre 5h et 6h de marche environ)
Un petit mot laissé dans le livre d’or du jas et on file saluer le Mont Ventoux. Ce matin, on commence à marcher entre les résineux, avec le soleil et toujours le chien d’hier - qui a décidé de nous suivre et qu’on a rebaptisé au passage “Ventoutou”. Il n’y a plus qu’à croiser les doigts pour retrouver son proprio, maintenant qu’on a appelé les mairies du coin et posté un message sur le site PetAlert. Après environ 2 heures de marche, le sentier plonge sur plusieurs kilomètres vers le Chalet Reynard et nous offre un magnifique panorama sur la Provence. Arrivés en bas, il y a du cuissard au mètre carré ! Ventoutou décide de s’arrêter ici, au Chalet. Alors, on update nos alertes. On reprend la rando dans un paysage de plus en plus désertique, emblématique du sommet du Ventoux, avec de longues pistes et des vues dégagées sur ce géant. Arrivés à la cabane sous la pluie, on sort le réchaud pour une tisane bouillante et on finit l’après-midi à l’abri, dans nos duvets, avec une grille de mots fléchés et une bonne nouvelle sur PetAlert : Ventoutou a retrouvé son maître.
11,7 km, 150 D+, 980 D- (environ 4h30 de marche)
Ce matin, le mistral est au rendez-vous. Il fallait bien que le Vent-oux tienne sa réputation. Sur le chemin, nous croisons 2 autres jas, plus en ruines que les précédents où nous avons dormi : celui de Baumasson et des Landerots. On continue notre descente vers Bédoin, sur un sentier désormais accidenté et rocailleux. La Combe de Curnier s’élève très vite devant nous. Nous traversons ce canyon spectaculaire ébahis, les semelles dans le ruisseau qui y serpente par endroit, l’un après l’autre dans les passages les plus étroits. Plus loin, après des paysages plantés de thym en fleur et de vignes, c’est le Colorado, ou presque. Les falaises d’ocre et les demoiselles coiffées, des “cheminées” sculptées naturellement par l’érosion dans la roche rouge, s’ajoutent au spectacle de la journée. À l’arrivée à Bedoin, on ne résiste pas à une gaufre au chocolat sur la place du village, pour fêter la fin de cette aventure.
Sur la vie en cabane non gardée :
Sur le parcours :
Les indispensables :
Si Osprey est partenaire de cette aventure, je randonne depuis longtemps avec un sac de la marque, qui est l’une des seules à proposer une ergonomie pensée spécialement pour les femmes : bretelles plus étroites, dos plus courts… Ici, j’avais ce modèle de 44 L, mais la version 36 L peut suffire, si vous dispatchez le matos commun (réchaud, bouteille de gaz, etc.). Marius avait un sac de la marque de 44L et Martin un 36 L, avec le même filet d’aération (bien pratique pour limiter la transpi du dos) et une conception similaire en fibres 100% recyclées.
Dans les détails (pour 3 jours) :
Vous avez du matos troué ou abîmé ? On a un super guide de la réparation ici, réalisé aussi en partenariat avec Au Vieux Campeur.
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Comment se rendre dans le Parc naturel régional du Mont-Ventoux ?
Depuis Paris, comptez environ 4h de trajet.
Avec Martin, on est partis de Paris de la Gare de Lyon avec le premier train de 6h03. Après un changement à Avignon, nous sommes arrivés à Carpentras à 9h53.
Depuis Annecy, comme Marius, comptez environ 5h et 2 changements : à Lyon, puis à Avignon.
L’arrêt se situe au niveau de la gare routière, juste en face de la sortie de la gare SNCF.
À Sault, descendez à l'arrêt Place des Aires. Comptez une heure de trajet. Il y a très peu de bus par jour, alors consultez bien la fiche horaire ici en amont. Avec Marius et Martin, on a pris celui de 13h, pour débuter notre rando à 14h.